5 raisons de soigner la relation à votre histoire de vie.

Article

Publiée le

Pour vous permettre de vous émerveiller de votre propre histoire et vous inciter à la considérer comme une épopée incroyable, riche de ressources, de personnages et d’apprentissages, je vous partage 5 raisons d’en prendre soin !

1. Car nous ne sommes que passé

Comme l’explique très bien Charles PEPIN dans son dernier ouvrage Vivre avec son passé – une philosophie pour aller de l’avant, notre passé est présent.

Heureux ou malheureux, il ne cesse de revenir. Notre mémoire est constitutive de notre conscience et donc de notre identité.

Il est donc essentiel d’apprendre à bien vivre avec notre passé, de trouver la bonne distance avec lui.

Pour mieux nous connaître, nous comprendre, savoir ce dont nous héritons, mais surtout pour ne pas tomber dans le ressassement, dans la rumination, comme ceux qui vivent non avec, mais dans leur passé.

C’est un peu comme lorsque nous avons en tête une chanson insupportable. Nous ne parvenons pas à nous débarrasser de son refrain. Nous ne nous en libérerons pas en faisant un effort pour nous la sortir de la tête, mais en écoutant une autre musique, en laissant place à d’autres chansons qui lui prennent de la place, la recouvrent en partie, diluent son importance dans notre mémoire.

Il existe une manière de rappeler au présent nos bonheurs perdus pour en jouir de nouveau.

Conseil n°1 : donner rendez-vous à notre passé, non plus cette fois pour en désamorcer la violence, mais au contraire pour en revivre la douceur, en savoir le meilleur.

Faire résonner le passé, cela peut être simplement convoquer les souvenirs de belles choses.

✔ Prenez 5 min, le temps d’un café ou d’un thé, et remémorez-vous la dernière fois que vous avez souri.
✔ De quoi ce sourire était-il le reflet ?
✔ À quel autre moment ce reflet vous est-il apparu ?
✔ En quoi le revisiter aujourd’hui peut vous permettre de temporiser et de tenir à distance un problème qui vous encombre actuellement ?

2. Pour en percevoir la richesse

Une autre manière de réparer une histoire est d’honorer le côté multihistoires de chaque personne.

Nous pouvons avoir une relation avec une histoire de problème, qui prend parfois beaucoup de place, mais nous pouvons aussi être en relation avec plein d’autres histoires.

En mettant en lumière et en étoffant ces autres histoires qui parlent de préférences, de compétences, d’actes de résistance, d’exceptions… nous aurons alors le choix de nous balader entre toutes nos histoires plutôt que de rester bloqués dans une de ces histoires, surtout si celle-ci pose un problème.

Conseil n°2 : Intéressez-vous à tout ce qui n’est pas le problème, mais plutôt à vos moments de vie. L’exception est la porte d’entrée de nouvelles histoires possibles.

Selon Julien Betbèze, l’exception est le moment où nous nous sentons réassociés, c’est-à-dire que nos actions sont en relation avec nos intentions et que nous sommes connectés à la vie et non plus à la survie.

✔ Prenez 5 min pour partir à la recherche d’une de vos exceptions.

✔ Si un problème vous encombre actuellement, demandez-vous s’il est là tout le temps, partout, avec tout le monde ?

✔ Identifiez ce que vous avez déjà fait pour l’éloigner et les actes de résistances qui vous ont permis de le tenir à distance.

✔ Quelle autre histoire a pu s’exprimer en l’absence du problème ?

3. Pour en extraire les problèmes

Un problème est ici considéré comme une difficulté rencontrée dont nous souhaiterions pouvoir diminuer l’influence dans nos vies.

Malheureusement, les problèmes sont souvent inhérents à nos histoires de vie. Ils sont dotés d’un mégaphone tellement puissant, d’alliés sociétaux et normatifs tellement nombreux, qu’ils arrivent facilement à prendre le dessus sur tous les moments scintillants qui, pourtant, constituent aussi notre vie.

Le problème isole la personne, de ses ressources et des autres.

Pour Michael WHITE, un des pères fondateurs des Pratiques Narrative, « le fait de l’externaliser permet de créer un contexte où la personne se situe à l’extérieur du problème, en dehors ».

Conseil n°3 : Donnez un nom à votre histoire de problème.

Une fois nommé, le problème devient distinct de la personne. Il est dès lors possible de faire évoluer la relation que vous entretenez avec lui. Vous n’êtes plus le problème et vous pouvez désormais le regarder en face.

✔ Prenez 5 min pour renommer la difficulté que vous rencontrez.
Une fois mis à jour, Colère, Procrastination, Difficulté à décider ou Syndrome de l’imposteur pourront être analysés et observés afin de comprendre leurs stratégies.
✔ Qui sont leurs alliés ? Leurs ennemis ? Quand préfèrent-ils se manifester ? Quels intérêts servent-ils ? Quand se sentent-ils en danger ?

N’hésitez pas à vous adresser à eux directement pour leur prouver que le mégaphone de vos ressources est plus puissant que le leur !

4. Pour changer le regard que vous portez sur vous-mêmes

Il y a 20 ans, V. apprend qu’elle est atteinte d’une maladie psychique.

C’est le choc.

Depuis, elle ressent une forme d’amertume. Frustration, vulnérabilité et autocensure s’invitent régulièrement dans sa pensée et impactent son estime d’elle-même.

« Je ne porte pas un regard très aimant sur moi-même et sur ma vie. Ce diagnostic a bouleversé ma vie et je n’arrive pas, comme d’autres, à dire que l’épreuve m’a permis de grandir. Pourtant, je sais que je suis courageuse et combative et que je mobilise de nombreuses ressources au quotidien pour m’en sortir ! Mais je n’arrive pas à détacher ma personnalité de ce diagnostic. »

V. reconnaît aussi que sur ces 20 années, la maladie ne lui aurait réellement « volé » qu’un an de vie (en cumulant tous les temps d’inaptitudes et d’arrêts professionnels).

 » C’est fou que je n’arrive pas à regarder autre chose que cette année cumulée ! »

Pourtant, lors de notre première séance, V. me révèle des épisodes de sa vie incroyables, dont un séjour de deux ans dans une communauté autonome.

Au fil de la discussion, elle s’aperçoit que la maladie ne l’a pas privée de tout, mais qu’un quotidien lourd de traitements et de questionnements a pris le dessus sur ses souvenirs plus lumineux.

Elle termine sur ces mots : « Si je devais me décrire après tout ça, je dirais que je n’ai pas froid aux yeux ».

Conseil n°4 : Partez à la recherche de vos moments scintillants

Steve de Shazer, thérapeute américain, pionnier de la thérapie brève centrée sur la solution, décrit ces moments comme « des expériences passées de la vie de la personne où le problème n’est pas apparu alors que nous aurions pu nous attendre raisonnablement à ce qu’il surgisse. »

✔ Prenez 5 min pour vous remémorer une exception.
✔ De cette exception, faites ressurgir les souvenirs qui y sont liés et étoffez-les afin d’écrire une nouvelle histoire qui viendra cohabiter avec les autres et qui, petit à petit, prendra peut-être de plus en plus de place pour devenir votre histoire préférée !

5. Pour vous libérer de conclusions identitaires réductrices

Il y a des conclusions sur soi qui aident à vivre, d’autres qui mettent plutôt des bâtons dans les roues.

Pour C, c’est évident : elle ne sait pas décider !
Sa vie n’est qu’une suite d’occasions qui se sont présentées à elle, mais qu’elle n’a pas vraiment créées.
Quand nous démarrons l’accompagnement, son constat est celui d’une femme attristée : je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie.

Et ses conclusions identitaires sont nombreuses :
– Je ne suis pas bonne en restitution
– Je suis dans un état dépressif depuis toute petite
– Je n’ai pas de passion
– Je ne me mets pas en action
– Je n’ai pas de trucs intéressants à raconter

Au fil de nos conversations, je découvre pourtant :
– Que C. fait du clown, et que son clown est drôle et enfantin
– Que C. a décidé de quitter le poste qu’elle occupait depuis 20 ans, car elle ne s’y sentait plus respectée et appréciée à sa juste valeur
– Que C. a déménagé pour partir s’installer à la campagne
– Que C. crée des fées et les vend sur des marchés
– Que C. participe à un projet de tissage de rêves

Autant de contre-exemples aux conclusions identitaires qui l’enferment aujourd’hui.

Conseil n°5 : Placez-vous au centre d’une histoire alternative.

Que se passe-t-il quand C. redécouvre les autres histoires de sa vie ?
Elle s’autorise !

« Je me suis autorisée à faire des tests. Je crois qu’inconsciemment, ou consciemment, ça me fait du bien. J’ai pris le pli depuis toute ma vie de rendre des comptes. Il y a d’autres fonctionnements possibles. Et si j’essayais d’être un peu plus libre ? D’habitude, ça prend toute la place. J Je me raconte une autre histoire.

✔ Prenez 5 min pour décoller vos étiquettes.
✔ Récit d’exception, histoire alternative … Remémorez-vous toutes les fois où vous vous êtes affranchis d’une fatalité identitaire et analysez ce qui a rendu cette émancipation possible.

Autorisez-vous à être plus, à être vous !

Mes autres articles

Le vide identitaire n’existe pas.

Là où, dans bon nombre d’endroits, la perception de l’identité est perçue comme quelque chose de figé, qui ne change pas et qui n’a
Article

5 raisons de soigner la relation à votre histoire de vie

5 nouvelles raisons de prendre soin de votre histoire de vie ! 1. Pour cultiver la résilience D’après le psychiatre Bessel VAN DER KOLK,
Article

« Il faut que j’en parle parce qu’il faut que j’élimine ».

Un an d’entretiens mensuels a été nécessaire pour écrire son autobiographie. Aujourd’hui, elle se dit libérée et apaisée. Témoignage de Marie-Thérèse, 79 ans.
Récit