Formation suivie les 9 et 10 janvier 2023 au sein du Collectif Féminin Contre le Viol
Face à l’adversité ou au traumatisme, il n’est pas rare que la ou les personnes concernées se réfugient dans la solitude. Par honte, par culpabilité, par peur de l’autre… Souvent, une longue période de silence s’en suit et le lien à l’autre peut être rompu pendant des années.
Jusqu’à ce que la révélation s’opère : « je ne suis peut-être pas seul(e) ». Au détour d’une conversation, d’une rencontre, d’une lecture, de l’écoute d’un podcast ou d’un témoignage… on se rend compte que d’autres ont aussi vécu cela, et visiblement, s’en sont sortis.
Dès lors, l’altérité apparaît non plus sous le seul prisme de la menace, mais comme une source potentielle de solutions. Et de réponses.
Comment ont-ils fait pour s’en sortir ? Eux aussi composent-ils avec certains stigmates ? Partagent-ils mes peurs ? Ont-ils aussi essayé les mêmes outils que moi pour se réparer ?
Lorsque le besoin de renouer le contact avec l’autre est là, le groupe de parole peut s’avérer un outil puissant et pertinent.
Un groupe de parole : pour quoi ?
Un groupe de parole est un lieu égocentré au sein duquel le collectif est utilisé en tant qu’outil de reconstruction. Traduction.
Le principal objectif d’un groupe de parole est de pouvoir s’exprimer entre « pairs » dans un cadre sécurisant et bienveillant afin de trouver une écoute et un écho à son propre vécu.
Ce n’est pas un lieu de conseils, simplement un lieu d’écoute et d’expression qui permet de se confier et de libérer la parole. L’effet de groupe a ici un rôle de soutien et d’entraide : il permet la création d’un sentiment d’appartenance à un groupe d’individus soudés par l’épreuve, qui ont vécu ou vivent des situations similaires, et souhaitent avancer. Les partages d’expérience de chacun permettent aux autres participants d’entrevoir des issues à leur problème et des solutions possibles pour y arriver.
Dans « groupe de parole », il y a parole, mais pas n’importe laquelle. Pas celle qui livrerait tous les détails et dans laquelle on aurait tendance à s’enfermer. Mais celle qui suffit à ce que les autres comprennent notre mal afin de pouvoir nous aider à surmonter ce qui nous empêche de vivre aujourd’hui.
Le groupe n’est pas un lieu de dévoilement, mais un lieu de reconstruction au sein duquel les participants ne sont pas obligés de reraconter ce qui les a affaiblis ou démolis pour être compris. On y partage une partie de notre vécu, mais surtout, nos difficultés et ce qui nous empêche aujourd’hui d’avancer telle qu’on le souhaiterait.
De façon sous-jacente, le groupe de parole permet de prendre conscience, à travers l’échange, de son propre pouvoir à se restructurer et à retrouver de l’autonomie. Il ne répond pas à l’injonction du tourner la page. Il offre simplement un lieu d’échanges au sein duquel chaque participant chemine à son rythme et selon ses besoins.
Un groupe de parole : pour qui ?
Un groupe de parole n’est pas un lieu de prise en charge d’urgence, mais un lieu où l’on restaure ses capacités individuelles. Pour tirer bénéfice d’un groupe de parole, il faut avoir envie de s’engager dans sa réparation. Il est donc important que chaque participant se sente légitime dans son vécu et soit prêt à s’occuper de lui-même.
En ce sens, il est préférable qu’un travail individuel de défrichage ait été entrepris en amont, aux côtés d’un professionnel de santé ou d’un thérapeute. Si les participants ont une bonne perception de leur vécu, ils pourront plus facilement identifier, à travers le récit des autres, ce qui pourrait leur permettre de revenir dans la vie.
Si les difficultés à avancer sont bien présentes pour les participants, il n’en demeure pas moins qu’un des prérequis pour intégrer un groupe de parole est que l’adversité ou le traumatisme traversé soient de l’ordre du passé.
Chaque groupe de parole s’adresse à un public précis afin de garantir une appartenance réelle et une altérité bénéfique.
Un groupe de parole : comment ça marche ?
Un groupe de parole est constitué durant un laps de temps défini, et nécessite un engagement de chaque participant pendant toute la durée du travail collectif.
Cet engagement doit être libre et consenti, et s’accompagne de règles induites, de respect, de bienveillance et de confidentialité.
En général, le groupe se réunit une fois toutes les trois semaines, durant un cycle d’une dizaine de séances. Chaque rencontre, d’une durée moyenne de 3h, est ritualisée et alterne temps d’expression individuelle, temps d’écoute et temps de partage collectif. Les animatrices, souvent au nombre de deux, veillent à l’équilibre du temps de parole de chaque participant. Elles ont pour principale responsabilité de créer un environnement au sein duquel la parole pourra être facilitée et émergera en confiance.
Pour garantir un temps d’expression suffisant, le nombre de participants est généralement limité à huit personnes. Avant d’intégrer le groupe, tous sont rencontrés individuellement lors d’un à deux entretiens préalables en présence des animatrices. Ces temps sont indispensables pour instaurer un lieu de confiance et s’assurer que le besoin et les attentes de chacun correspondent à ce que le groupe peut véritablement apporter, et le cas échéant, de pouvoir orienter vers un autre type d’accompagnement.
Animation de groupes de parole à partir de septembre 2023.
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