Dans son livre » Vivre avec son passé, une philosophie pour aller de l’avant « , Charles Pépin s’intéresse à et interroge notre passé.
Selon lui, notre rapport au passé doit être repensé. En convoquant sciences cognitives, nouvelles thérapies, sagesses antiques et classiques de la philosophie, de la littérature ou du cinéma, il nous montre que nous pouvons entretenir un rapport libre, créatif, avec notre héritage.
Notre passé est omniprésent dans tous les aspects de notre vie, influençant nos qualités, nos défauts, nos goûts, nos rêves, nos peurs et même nos habitudes. Il peut surgir de nulle part, que ce soit sous forme de douce nostalgie ou d’amertume mélancolique. Parfois, il nous assaille comme un traumatisme qui nous fait vaciller.
Nous pouvons essayer d’oublier ou de raviver le passé, mais cela peut souvent se révéler difficile. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à bien vivre avec notre passé, de trouver une distance saine par rapport à lui.
Résumé et liens avec le coeur de métier de Regards sur soi !
Mémoire et identité
Notre mémoire est l’une des composantes clés de notre identité. Nous existons parce que nous nous souvenons. Notre passé se trouve non pas derrière nous, mais avec nous, se modelant au présent en fonction de nos expériences de vie et de nos aspirations futures. Il est important de plonger dans notre passé pour comprendre qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons. Nos souvenirs imprègnent notre personnalité et influencent notre perception du monde qui nous entoure. Ils se superposent à nos nouvelles expériences, façonnant notre compréhension et notre réaction à la réalité.
Cependant, vivre avec notre passé n’est pas toujours facile. Parfois, il peut être chargé de regrets, de traumatismes ou de souvenirs douloureux qui surgissent subitement et nous tourmentent. Il peut sembler difficile de faire face à ces souvenirs et de trouver la paix avec notre histoire. Pourtant, il est possible de trouver un équilibre en travaillant sur nos souvenirs, en les revisitant et en leur donnant une nouvelle signification. En réactivant les réseaux neuronaux du passé, nous pouvons changer notre perspective et libérer notre être du fardeau émotionnel associé à nos souvenirs.
Il est également important de reconnaître que notre passé va au-delà de notre histoire personnelle. Nous héritons également du passé de nos ancêtres et de notre société. Prendre conscience de cet héritage peut nous aider à mieux comprendre qui nous sommes et à établir une connexion avec nos racines. Cela nous donne la possibilité de remettre en question les croyances inconscientes et les généralisations abusives que nous avons pu intégrer à partir de notre passé. En remettant en question ces « vérités émotionnelles », nous pouvons réécrire notre histoire et trouver une nouvelle signification à nos expériences passées.
La récapitulation créative
Notre mémoire n’est pas figée. Elle est vivante et en constante évolution. Chaque fois que nous nous souvenons, nous réactivons les réseaux neuronaux du passé, mais cela se fait toujours avec une influence du présent. Notre mémoire est donc malléable et sujette à l’interprétation. La reconfiguration de nos souvenirs se fait en fonction de ce que nous avons vécu depuis, du contexte actuel et de notre état émotionnel. Ainsi, chaque fois que nous nous remémorons quelque chose, nous combinons du connu avec du nouveau, créant ainsi une expérience unique à chaque fois.
Pour vivre en paix avec notre passé, il est essentiel de trouver des moyens de revisiter nos souvenirs d’une manière constructive.
Charles Pépin fait ainsi référence à la récapitulation créative de Bergson.
Notre passé est là, mais il ne doit pas prendre toute la place. Pour cela, nous devons nous tourner vers lui en même temps que vers l’avenir, vers les autres et le monde. Pour bien vivre avec notre passé, et cela à chaque époque de notre vie, nous devons apprendre à conjuguer trois mouvements.
Un premier mouvement vers le passé, mouvement d’accueil autant que de réécriture.
Un deuxième mouvement vers l’avenir, mouvement d‘action.
Un troisième mouvement vers le monde et les autres, un mouvement d’ouverture.
Pour chacun de ces mouvements, Regards sur soi vous accompagne.
Thérapie narrative et autobiographie restaurative comme outils de soin de notre passé
La thérapie narrative explore et donne du sens aux histoires de vie. Elle est basée sur le principe que nous construisons notre réalité à travers les récits que nous nous racontons et reconnaît que les histoires que nous nous racontons peuvent être influencées par des normes culturelles, des croyances limitantes ou des expériences traumatisantes.
Dans le cadre d’une thérapie narrative, les patients sont invités à explorer et à questionner les histoires qu’ils se racontent sur eux-mêmes, sur leur passé et sur leur avenir. Cela peut impliquer d’explorer les significations et les émotions attachées à ces histoires, ainsi que les influences sociales et culturelles qui les façonnent.
L’objectif d’une thérapie narrative est de permettre aux patients de prendre du recul par rapport à leurs histoires, de remettre en question les croyances limitantes et de construire de nouvelles histoires qui sont plus alignées avec leurs valeurs et leurs aspirations.
L’autobiographie restaurative, elle, est une approche de rétablissement et de guérison qui met l’accent sur la réécriture de notre histoire personnelle. Elle consiste à revisiter notre passé, à réévaluer nos expériences et à donner un nouveau sens à notre vie.
L’autobiographie restaurative s’inspire de la philosophie de la justice restaurative, qui vise à restaurer les relations, à guérir les blessures et à promouvoir la réconciliation. Dans le contexte de l’autobiographie restaurative, il s’agit de reconstruire notre relation avec notre passé, de guérir les traumatismes émotionnels et de trouver une nouvelle perspective sur notre histoire.
Cette approche suppose que notre histoire n’est pas figée, mais qu’elle peut être réinterprétée et réécrite. Elle nous invite à explorer les événements de notre passé d’une manière réflexive et collaborative, en tenant compte de nos expériences, de nos émotions, de nos relations et de notre propre croissance personnelle.
La thérapie narrative, comme l’autobiographie restaurative, peuvent donc être utilisées comme des outils de résilience et de guérison personnelle.
En conclusion
Vivre avec notre passé est un processus complexe et individuel. Cela demande de l’attention, de l’introspection et du travail sur soi, mais cela peut aussi être une source de guérison, de croissance et d’inspiration. En revisitant nos souvenirs, en les reconsidérant et en trouvant un équilibre entre notre passé et notre présent, nous pouvons trouver une nouvelle compréhension de nous-mêmes et vivre une existence plus épanouissante.
