Faire de la vulnérabilité des individus une force.

Article

Publiée le

Retour en mots et en images sur les 3èmes rencontres nationales des acteurs de la résilience professionnelle organisées le 8 février dernier par Envie 2 Résilience.

En avril 2021, j’ai fait le choix de suivre mon intuition et de me laisser porter par mes convictions.

3 ans plus tard, quelle joie de voir mon travail récompensé par les personnes que j’accompagne et par les acteurs de la résilience dont je suis fière d’avoir rejoint la communauté !

Le 8 février dernier, à l’occasion des 3es rencontres nationales des acteurs de la résilience professionnelle, nombre d’entre eux se sont retrouvés à l’école des mines de paris où j’ai eu l’honneur de recevoir le prix coup de cœur de la résilience professionnelle organisé par Envie 2 Résilience.

Une journée entière à :

  • débattre et réfléchir à comment faire de la vulnérabilité des individus une force pour les organisations,
  • Rencontrer et écouter des acteurs variés et engagés dans leur combat pour faire de la vulnérabilité une vraie compétence différenciante et la base d’un modèle organisationnel innovant (La voix des Lucioles, La Niaque l’Asso, Slasheurs Cueilleurs, La Pause Brindille…)
  • Nourrir et épaissir une histoire alternative d’humanité, de ressources, d’acceptation et de résilience

Une journée à l’issue de laquelle j’ai mesuré la chance que j’avais de pouvoir pratiquer un métier de passion dans lequel je contribue, à mon échelle, à ce que la vulnérabilité des uns inspire la résilience des autres.

Plusieurs interventions et tables rondes ont rythmées la journée :

Table-ronde #1 – Résilience et vulnérabilité : vers la fin d’un modèle de performance ?

Animée par Elsa DA COSTA, directrice générale Ashoka France, et à laquelle ont contribués Cynthia FLEURY, Professeur au CNAM, titulaire de la chaire Humanités et Santé ; Cédric DALMASSO, maître assistant en management Mines – PSL et Président du conseil scientifique de l’ANACT ; Véronique CHANUT, professeur et directrice du CIFFOP Panthéon Assas Université ; Patricia ACENSI-FERRE, déléguée générale et fondatrice d’Envie2résilience.

Comment concilier performance économique et humain ?

Comment se relever après une chute ?

Comment soutenir les capacités de chacun malgré les coups durs ?

Les RPS ne sont pas nouveaux. Ce qui l’est, c’est la masse de personnes concernées.

Or, sans le « care », la société n’existe pas.

Plutôt que de leur faire place sur un CV uniquement sous la forme d’une ligne blanche, pourquoi ne pas inclure nos vulnérabilités dans nos bilans de compétences afin d’en faire un levier capacitaire pour les individus et la société ?

La vulnérabilité peut être pensée comme une puissance d’innovation. Ce qui est fabriqué par les vulnérabilités revient à la collectivité.

Nier les vulnérabilités les renforce.

Or, aujourd’hui, les acteurs RH se noient sous les tâches de compliance au détriment de la résilience. Or la conformité est dévastatrice !

N’oublions pas que nous sommes libres de choisir et de construire nos métriques de performance. Pourquoi ne pas mesurer le taux de sourire par exemple ? Et plus largement, pourquoi continuer à mesurer autant ?

La performance de l’organisation humaine ne devrait-elle pas être plus importante que celle de l’entreprise ?

L’autoapprentissage, les feed-back, les retours d’expériences sont autant d’outils qui peuvent nous permettre d’éviter l’amnésie organisationnelle.

Nous avons tout intérêt à faire émerger des récits de résilience individuels, organisationnels et sociétaux.

Nous avons tout intérêt à faire exister nos organisations autrement, au sens premier du terme, qu’à travers l’existence de leur capital, mais pour leur raison d’être.

Les choses évoluent : les générations qui nous ont précédés vivaient pour travailler. Mais aujourd’hui, n’est-il pas préférable de percevoir le travail non pas comme une finalité, mais comme un moyen ? 

« Quand on parle de vulnérabilité, on parle de force », a déclaré Emmanuel GOBIN, DG des Papillons Blancs d’Hazerbrouck et environs, et membre du bureau national de l’ANDRH.

Pour finir, un petit rappel lexical concernant les définitions de la résilience selon le Larousse :

  • Caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau.
  • (Psychologie) Aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.
  • (Ecologie) Capacité d’un écosystème, d’un biotope ou d’un groupe d’individus à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement, etc.).
  • (Informatique) Capacité d’un système à continuer à fonctionner, même en cas de panne.

Table-ronde #2 – Quelle place pour les vulnérabilités au travail ?

Animée par Emmanuel GOBIN, à laquelle ont contribués Carole BOUSQUET, docteure en science gestion, Observatoire du Rebond ; Vinh NGO, médecin et directeur général du CIAMT, Santé au travail ; Axelle PRUVOT, directrice exécutive de l’Association Nationale des directeurs et cadres d’ESAT ; Guillaume TINLOT, chef de service des politiques sociales, salariales et des carrières à la DGAFP.

Du latin vulnus, vulneris (la blessure) et vulnerare (blesser), le vulnérable est, selon le dictionnaire Larousse, celui « qui peut être blessé, frappé ».

L’acceptation est le premier levier de la résilience : nos parcours de vie ne sont pas linéaires !

Nous sommes tous vulnérables, ce qui devrait nous pousser à repenser le rapport au temps dans nos organisations. Des initiatives existent déjà : congés proches aidants, dons de jours …

Plus globalement, que pensez-vous de passer d’un capital humain (selon lequel l’humain appartiendrait à l’entreprise) à celui d’un potentiel humain (dans lequel chaque individu choisirait de mettre ses compétences et ses expériences au service de l’entreprise) ?

Intervention sensible et poétique

« Tout est histoire, depuis l’aube des temps.

Mal nommer les choses, c’est apporter de l’injustice au monde. Les mots sont porteurs de sens.

Nous sommes tous conteurs et raconteurs.

C’est dans les épreuves qu’on fait ses preuves.

Penser le juste, le beau et le digne comme ingrédients de la résilience.

Permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires.

Personne n’est à l’abri d’une traversée du désert.

Nous sommes tous des ultras marathoniens : la vie est un marathon et c’est fascinant ce que l’on est capables de faire.

Tout ce qui est fragile nous est cher.

Une société capable d’accueillir la fragilité est une société solide.

Vulnérabilité, douceur et légèreté, telle une fleur. »

Malek BOUKERCHI, conférencier, anthropologue du lien social et philo-conteur.

Table-ronde #3 – Les ressources de la résilience : un autre regard sur les collaborateurs du futur

Animée par Leticia FARINE, journaliste indépendante, à laquelle ont contribué Marielle BARBE, auteur et conférencière « profession slasheur », le Commandant Michael BONGRE, du Service Militaire Adapté, Cloé PILLOT-TONNELIER, compétences des aidants au sein d’AG2R La Mondiale, Cédric PROUX, directeur national opérationnel LIDL et David RIVOIRE, entrepreneur d’intérêt général, à l’origine du Social Bar.

Tous se sont accordés à dire que l’on apprend par l’analyse de notre vécu (d’où l’intérêt d’un récit autobiographique professionnel conscientisé et structuré 😉) afin de transformer nos expériences en compétences.

Le fil conducteur d’une carrière ne devrait pas être les diplômes obtenus, mais la raison d’être de nos choix. Une fois le dénominateur commun de tous nos choix identifié, alors apparaissent la stabilité et la cohérence, même pour les slasheurs !

Que de talents gâchés si nous ne parvenons pas à faire de nos pépins des pépites !

Valorisons les compétences du « care » au sein d’un référentiel de soft skills soutenant nos multipotentialités !

L’appel de la résilience professionnelle pour le monde du travail

Pour Thibaut GUILLUY, directeur général de France Travail, Alice DE MAXIMY, fondatrice de Femmes de Santé, Eric SANCHEZ, directeur de l’innovation sociale chez AG2R La Mondiale et Patricia ACENSI-FERRE :  il nous faut puiser dans nos ressources individuelles pour faire émerger des ressorts collectifs.

Et Jean-Louis Borloo l’a confirmé : il faut faire bande ! Refaire famille et nation pour que la résilience trouve sa place dans le monde du travail !

Fragilité et diversité sont substantielles à l’espèce humaine.

À quoi cela sert-il d’être excellent ?

D’autant plus si nos histoires sont invisibilisées ?

Quelle histoire a-t-on envie de raconter sur le monde du travail ?

« La digue entre nos vies personnelle et professionnelle est tombée.

Cette situation provoque des changements radicaux et une inquiétude majeure, nous rendant individuellement et collectivement vulnérables.

Notre monde du travail a besoin de protéger, de soutenir et de régénérer ses ressources humaines et naturelles.

En rejoignant cet appel, je souhaite contribuer à la prise de conscience et au réveil du monde du travail.

Je peux partager mes récits de résilience et d’accompagnement de la résilience.

Ensemble, nous transformons nos vulnérabilités en opportunités.

100% vulnérables, 100% concernés, 100 % engagés ! »

Appel des Mines de la résilience pour le monde du travail

Ma façon de m’engager pour la résilience

« Regards sur Soi est le fruit d’une conviction forte : certaines de nos histoires de vie nous portent, et d’autres nous enferment.

À la suite d’un événement de vie douloureux vécu enfant, je me suis enfermée dans le silence, pendant 20 ans.  

20 ans pendant lesquels j’ai été persuadée que mon histoire de vie serait conditionnée par cet événement.

Honte, culpabilité, colère, tristesse, abattement, doutes se sont alors installés.

Jusqu’à ce que je comprenne que mon silence était ma prison.

Alors, j’ai pris la plume, et j’ai écrit.

Pour moi, d’abord, afin de libérer mon esprit de tous mes souvenirs et de structurer ma pensée.

Pour les autres, aussi, en choisissant les mots qui leur permettraient de comprendre le tourbillon qui m’habitait intérieurement depuis tout ce temps.

Et il ne m’a pas fallu longtemps pour mesurer l’effet thérapeutique de l’exercice.

Enfin, je reprenais le pouvoir sur mon histoire. J’en redevenais l’autrice.

Alors aujourd’hui, à travers l’autobiographie restaurative et la thérapie narrative, j’accompagne les personnes, à se raconter certes, et aussi et surtout à changer le regard qu’elles portent sur leur propre histoire de vie afin qu’elles puissent s’en émerveiller.

Car chaque histoire est extraordinaire.

Là, tout de suite, vous en doutez peut-être, mais je vous garantis que votre parcours recèle de pépites, de moments scintillants, et d’exceptions, et qu’en vous y reconnectant, vous mesurerez toute la force et la résilience dont vous avez fait preuve. 

Croyez-moi, votre histoire est unique et mérite d’être soignée. »

Florie FONTERME – Extrait de mon pitch de remise du prix Coup de Coeur

Mes autres articles

Le vide identitaire n’existe pas.

Là où, dans bon nombre d’endroits, la perception de l’identité est perçue comme quelque chose de figé, qui ne change pas et qui n’a
Article

5 raisons de soigner la relation à votre histoire de vie

5 nouvelles raisons de prendre soin de votre histoire de vie ! 1. Pour cultiver la résilience D’après le psychiatre Bessel VAN DER KOLK,
Article

« Il faut que j’en parle parce qu’il faut que j’élimine ».

Un an d’entretiens mensuels a été nécessaire pour écrire son autobiographie. Aujourd’hui, elle se dit libérée et apaisée. Témoignage de Marie-Thérèse, 79 ans.
Récit