Le vide identitaire n’existe pas.

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Les thérapeutes et praticiens narratifs que j’ai rencontrés partagent généralement le même constat : au moment de leur rencontre avec la Narrative, beaucoup témoignent « avoir eu l’impression d’être passés à côté de quelque chose jusque-là ».

Pour la plupart aussi, leurs besoins les a amenés sur la route des Pratiques Narratives lorsqu’ils cherchaient comment sortir des discours internalisants et appauvrissants construits dans les institutions sur base de diagnostics ou de normes ?

Là où, dans bon nombre d’endroits, la perception de l’identité est perçue comme quelque chose de figé, qui ne change pas et qui n’a pas de possibilité d’évoluer parce que profondément basée sur notre passé et sur la cause, le vide identitaire n’existe pas en Narrative.

Pour le thérapeute narratif (parfois appelé Narrapeuthe), le devenir, la relation avec ce qui est autour de nous, définit une nouvelle conception de l’identité basée sur une possibilité de futur différent.

Selon Jim et Barbara Allen, tout ce que nous racontons est construit : il y a donc plusieurs récits possibles des mêmes faits ou de la même existence.

En thérapie narrative, nous sommes convaincus que leur reconstruction est un facteur puissance de changement personnel.

En général, nous avons l’impression qu’un récit particulier de notre vie est privilégié, qu’il est le seul possible et qu’il représente la totalité de notre vision de nous-mêmes. Or ce récit, comme tous les autres, sélectionne certains événements qu’il présente comme plus importants que d’autres, les présente sous un jour particulier … Ce récit est un peu la toile de fond de notre manière de nous considérer nous-mêmes et de percevoir notre vie.

Pourtant, nos récits sont sujets à variations. Ils se modifient en fonction des circonstances et de nos interlocuteurs, et sont influencés par ceux des autres.

La construction d’un nouveau récit peut être une démarche thérapeutique. Dans cette perspective, changer nos récits à propos de notre vie est une manière de changer les processus par lesquels nous lui donnons un sens.

C’est dans l’interaction avec le thérapeute, ou tout autre interlocuteur, que de nouveaux récits émergent. Ce n’est pas tant une question de contenu que de processus. C’est le processus de créativité et de discussion qui est le ressort du changement. La personne peut prendre conscience de ses ressources et du pouvoir qu’elle a sur sa vie, et sur la manière dont elle lui donne sens.

En thérapie narrative, les histoires de vie peuvent être traitées comme des sources de possibilités positives et non comme des données à utiliser pour un diagnostic.

Il faut pour cela que le thérapeute mette en place un climat où la personne se sent entendue, confirmée et acceptée, que les problèmes soient abordés au passé, que des verbes soient utilisés pour indiquer à la personne qu’elle a le pouvoir (par exemple, remplacer « vous ne voulez pas » par « vous n’avez pas encore trouvé comment »), explorer ce qui se passera quand le patient aura dépassé son problème actuel…

Un des indicateurs de reprise de pouvoir de la personne sur sa vie est justement sa capacité à passer d’une histoire à raconter, à plusieurs histoires, car nous sommes tous plurihistoires.

Le but est d’aider la personne à échapper à l’emprise d’une histoire dominante qui la définit comme « étant » un problème, pour accroître son sentiment d’être un auteur, d’être autonome. Ainsi, pour José Grégoire dans les Orientations récentes de l’AT, l’approche narrativiste vise à « aider la personne à recréer et à vivre sa propre histoire » en empruntant un chemin de migration vers son ou ses identités.

Vous vous sentez enfermés dans une histoire de vie dominante ?

Commencez par expérimenter la narrative à votre échelle avec les questions suivantes :

Comment d’autres personnes pourraient raconter votre histoire ? Comment auriez-vous pu raconter votre histoire à différents moments de votre vie ? Si vous sortiez de l’histoire qui vous a été inculquée (culturellement, familialement…), comment raconteriez-vous votre vie ?

Vos réponses vous interpellent ? Ou semblent difficiles à formuler ? Parlons-en !

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