Une histoire peut en cacher une autre

Récit

Publiée le

Quand certains épisodes de vie prennent le dessus sur d’autres, il peut arriver qu’une part de notre personnalité soit totalement oubliée, ou invisibilisée. C’est ce qui est arrivé à Émilie, d’abord demandeuse de raconter la violence dont elle a été victime, avant de se réapproprier son vécu et de se replacer elle au centre de son récit, en dévoilant son autisme.

Un objectif initial clairement annoncé

Quand Émilie me contacte, sur les conseils de l’association VIVO, elle sort à peine du parcours de soin. Les traces de la violence sont encore présentes, et son histoire ne se résume alors qu’à ce qu’elle vient de traverser.

Son objectif est clair et double : écrire pour se libérer et extérioriser ; écrire pour témoigner.

Son besoin l’est tout autant : exister pour ce qu’elle est vraiment et ne plus être réduite au statut de victime.

« Ça peut sauver quelqu’un. J’aimerais partager ma réalité et ma diversité. Je suis une multitude de choses, et pas uniquement une victime de violence conjugale ».

Émilie appréhende l’écriture autobiographique comme un processus thérapeutique. L’objectif n’est pas de s’apitoyer, mais d’exploiter le vécu dans une optique de résilience.

« Quand l’écriture travaille les choses, ça les transforme. Les mots sont puissants. Pour que les personnes victimes se sentent reconnues et moins seules, il faut que leur entourage soit informé, qu’ils puissent raccrocher ce qu’ils ont vu ou entendu à un témoignage ».

Les premiers entretiens sont donc menés dans cette optique : illustrer la violence, expliciter les actes jusqu’alors minimisés, donner à voir l’impact de l’invisible… Émilie raconte, extériorise, met des mots sur ce qu’elle a traversé, pour sensibiliser tous ceux qui, comme elle, n’ont pas pu voir plus vite ce qui leur arrivait, et les déculpabiliser.

« Je ne cherche pas juste à raconter et à revivre. J’ai besoin de comprendre, de décortiquer. Je démonte les relations, les fonctionnements, les phrases pour pouvoir m’approprier les choses. Comme j’ai une compréhension difficile des fonctionnements émotionnels un peu classiques, je n’ai pas d’automatismes sur les fonctionnements sociaux et humains. Je suis personnellement souvent passée par la lecture de livres pour comprendre et me documenter. Comprendre, analyser, mimer, ça me rassure. Je sais, intellectuellement parlant, comment ça fonctionne, et ça me calme. »

Un processus libérateur et révélateur

Pendant la première partie de notre travail, qui aura duré 2 ans, Émilie se laisse guider.

« Florie m’a traînée au début, puis propulsée ».

Et d’un coup, elle s’en est emparée. Son histoire n’était plus celle d’une victime de violences conjugales.

« La violence est un accident. Ça m’est arrivé comme un truc qui tomberait du ciel et qui vous écrabouille. Mais je ne veux pas que mon histoire se résume à ça. Je veux que quelque chose de vivant ressorte. Que mon récit soit actif, actuel, au présent, et qu’il plonge les gens dans mon monde à moi ».

Le monde d’Émilie, c’est celui de l’autisme. Détail d’abord anecdotique dans son récit qui a finalement fini par s’imposer comme étant le sujet central.

« Quand l’autisme se révèle, je m’apaise. Si tout le monde fonctionne d’une façon et pas vous, c’est forcément vous le problème. Je comprends alors que je ne suis simplement pas dans le même monde ».

Son intention de base a évolué, afin d’informer le lecteur sur cette différence qu’est l’autisme.

« À partir de ce moment-là, je me suis vraiment emparée du truc, et je me suis engagée à 200%. C’était ça, mon histoire, et c’est moi qui l’écrivais. Plus que de la coécriture, Florie m’a offert un véritable accompagnement. J’ai tout remanié, tout refait, tout restructuré pour la faire mienne. Elle m’a permis d’être le maître d’œuvre de mon livre ».

Fragile comme une grenade dégoupillée

Le livre d’Émilie, Fragile comme une grenade dégoupillée, est disponible en vente au sein de la Librairie Grain de Désir à Saint-Bonnet-de-Mure ou via le site Coolibri (https://urlr.me/DZNtE4) Tous les bénéfices des ventes de ce livre sont reversés à l’association VIVO, pour les personnes victimes de violences.

Mes autres articles

Le vide identitaire n’existe pas.

Là où, dans bon nombre d’endroits, la perception de l’identité est perçue comme quelque chose de figé, qui ne change pas et qui n’a
Article

5 raisons de soigner la relation à votre histoire de vie

5 nouvelles raisons de prendre soin de votre histoire de vie ! 1. Pour cultiver la résilience D’après le psychiatre Bessel VAN DER KOLK,
Article

« Il faut que j’en parle parce qu’il faut que j’élimine ».

Un an d’entretiens mensuels a été nécessaire pour écrire son autobiographie. Aujourd’hui, elle se dit libérée et apaisée. Témoignage de Marie-Thérèse, 79 ans.
Récit
Florie FONTERME │Psychothérapie à Lyon 9
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.